Honteusement détourné ou
honnêtement gagné, les deux journalistes ne perdent jamais leur fil
rouge. Leur enquête est à la fois bien anglée et bien construite. Cet
argent, c’est le nôtre, celui des contribuables qui attise les
convoitises.
Les migrants, figurez-vous, ça rapporte plus que la
drogue. Mais quoi ? Quel argent ?
Ces 59 minutes sont édifiantes. Certes, nous ne sommes pas naïfs. Les
migrants, il faut les loger, les nourrir. Certes, on est à même
d’imaginer que face à l’ampleur de la population concernée, les États
aient, ces dernières années, fait appel à des prestataires privés. Et
que ces entrepreneurs, faut bien les rémunérer. Ils ne font pas œuvre de
charité. Ainsi soit-il.
Mais avec la meilleure foi du
monde, voir nos PME se jeter à corps perdu dans ce nouveau business
concurrentiel, concevoir leurs produits à la mesure du « migrant »,
c’est-à-dire non pas un consommateur, mais un usager ou plutôt un
segment de marché, ça fait un drôle d’effet.
Plus drôle – enfin, drôle – encore : les truculents rois du centre d’accueil. Le tandem d’
Envoyé Spécial
vous a concocté le portrait croisé des deux leaders du secteur en
Norvège. Ils ramassent des millions à la pelle. Ils se goinfrent. Je
vous passe les séquences en caméra discrète dans des bâtiments qui ne
comptent que trois éviers et quatre lavabos pour 170 locataires. Ces
deux personnages ventrus qui se font la guerre par voie de presse
interposée, se révèlent être, pour le premier, un ancien leader
d’extrême-droite, également agent musical d’un groupe de rock skin
néonazi, pour le second, un
serial investisseur qui étale sa bedaine dans une télé-réalité de néo-nabab, en Floride. Plus cynique, tu meurs.
Enfin,
non, y a l’Italie. Pour avoir orienté les flux de migrants vers les
gestionnaires qui promettent pots de vin en pagaille, un haut
fonctionnaire s’est fait pincer. Il pourrait même s’avérer être un homme
de la mafia. Plongée dans un procès monstre qui se déroule en ce moment
même à Rome.